Vers la fin du remboursement des cures thermales? "Un mal de dos c'est 3 semaines remboursées à 100%"


Le gouvernement veut couper massivement dans le remboursement des cures thermales. L'exécutif propose de réduire à 15% le remboursement des cures thermales par l'Assurance maladie, contre 65% actuellement, un "coupe de massue" pour les acteurs du secteur qui alertent sur "une catastrophe sanitaire et économique".
Couplée à la suppression du remboursement à 100% pour les personnes en ALD (Affection de longue durée) déjà annoncée, la coupe sur le remboursement des cures thermales permettrait "une économie de 200 millions d'euros" pour les comptes sociaux, selon la ministre déléguée en charge de la Solidarité, Charlotte Parmentier-Lecocq.
Pour bénéficier d'une cure thermale 100% remboursée, il faut souffrir d'une affection reconnue par la sécurité sociale (troubles du développement, voies respiratoires, dermatologie, rhumatologie notamment), avoir une prescription médicale, un établissement thermale agréé et faire une cure de 18 jours, avec des soins 6 jours sur 7. Il y a enfin des conditions de ressources à respecter.
Sur une dépense moyenne d'environ 680 euros pour une cure, ils ne seraient plus remboursés qu'à hauteur de 130 euros, et les soins reviendraient à 1.800 euros, en comptant les frais annexes comme l'hébergement ou les transports, selon Thierry Dubois, président du Conseil national des établissements thermaux (CNETh) qui regroupe la totalité des 103 établissements thermaux.
Mais il y aurait des abus pour des effets sur la santé trop légers estiment certaines voix. Sur le plateau des Grandes Gueules ce jeudi, l'entrepreneur Emmanuel De Villiers se souvient d'une "éminente syndicaliste" qui partait "tous les ans en cure thermale, 100% remboursés par la sécurité sociale!".

"Ma belle-mère a mal au dos, pas plus que quelqu'un de son âge, elle fait une cure thermale chaque année pendant 3 semaines, remboursés à 100%", s'énerve de son côté Christelle, agente immobilière. "C'est le mal français, tout le monde veut faire des économies, jamais quand ça le concerne", alors qu'on recense 470.000 curistes dont 25% en ALD.
"La France n'a plus les moyens mais il faudrait une baisse graduelle pour que l'activité de la cure thermale s'adapte", plaide cependant Emmanuel De Villiers alors que cette restriction menace toute l'industrie et parfois des villes thermales entières.
Car dans cette hypothèse, "il y aura beaucoup moins de curistes", prédit Thierry Dubois. Résultat: "on va perdre entre 3,5 et 3,8 milliards" d'euros sur les ressources générées par les cures, évaluées à 4,8 milliards. Idem pour les emplois qui passeraient de 25.000 équivalents temps plein à 5.000.
"Les retombées économiques sont plus importantes que le coût réel des cures thermales", note sur le plateau d'Estelle Midi l'économiste Pierre Rondeau. "Les bénéfices de santé ne sont pas prouvés mais le bénéficie économique est tout prouvé: c'est tout le circuit économique qui est important, derrière, ce sont des hôtels qui paient des taxes notamment".
Le secteur met en avant les bienfaits de la cure, alors que de nombreuses voix s'élèvent dans le monde médical pour les remettre en question.
"Est-ce que les eaux thermales font du bien? La réponse est non", estime auprès de l'AFP le professeur André Grimaldi, diabétologue. Les cures "sont accompagnées de conseils diététiques, d'activité physique qui améliorent forcément la santé", dit-il toutefois. Pour lui, il faut donc choisir entre financer le bien-être ou ne rembourser que les maladies sévères.
"Il y a une efficacité démontrée, des risques qui sont faibles (...) Bien évidemment, la médecine thermale, ça ne va pas guérir les cancers", assure de son côté le pharmacologue Jean-Louis Montastruc, estimant qu'il y a "des preuves irréfutables de l'efficacité" des cures.
"Il vaut mieux faire une cure thermale que de prendre des anti-inflammatoires non stéroïdiens qui font des trous dans l'estomac ou qui font monter la pression sanguine artérielle", selon Jean-Louis Montastruc qui est également président du conseil scientifique de l'Association Française de Recherche Thermale (AFRET).
RMC




